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Tout le monde a un jour ou l'autre vécu un tel moment. Apparemment un tout petit rien, un article dans un journal, un programme de télévision, et c'est toute une vie qui est bouleversée, un destin qui se dessine, une maturité qui se découvre.
Ainsi en a été pour votre serviteur cette parole d'une vieille tante octogénaire, un samedi de votations à la fin des années '70.
C'était le jour de la vente de paroisse. La vieille tante en question, petite femme énergique au caractère bien trempé, était là, fidèle au poste, assise à côté de la porte des vestiaires de la salle de gymnastique. Sur la petite table devant elle se tenaient, alignés au garde à vous, les verres de limonade aux parfums différents, vendus au prix de -.20 ct pièce (mmmm la limonade à la framboise... plus chimique tu meures, mais qu'est-ce que c'était bon).
Bref, revenons au sujet de ce post :
Ainsi donc, Tante Madeleine parlait des votations avec sa voisine. Lorsqu'une jeune bénévole s'est approchée, et a demandé si ces dames avaient exercé leur devoir civique.
*Je crois bien ! s'est exclamée l'aïeule, presque vexée. On s'est battues pendant tant d'années pour pouvoir voter, ce n'est pas pour rien ! C'est un honneur et un devoir d'aller voter, et j'irai le faire à chaque fois, jusqu'à ce que je ne puisse plus !* (Bien sûr, la réplique n'est pas textuelle, mais l'idée du discours est là).
Et une telle fierté de pouvoir remplir son bulletin, cette revendication, cet hommage rendu à celles qui ont milité pour accorder au femmes le statut de citoyenne à part entière, a impressionnée l'adolescente que j'étais (qui n'avait pas encore une conscience politique très prononcée, et ignorait tout de ces préoccupations).
Et depuis mes 18 ans, à chaque fois qu'on me le demande, c'est avec une pensée émue pour cette tante pourtant méconnue, que je glisse mon coupon gris dans l'enveloppe.